Les cystites : causes et traitements
La cystite est probablement la forme de syndrome urinaire que rencontrent le plus souvent les praticiens en médecine chinoise et plus largement le monde médical. Elle correspond à l'infection bactérienne de la vessie.
Ses principaux symptômes sont :
- Une fréquence des mictions (urines) ;
- Une difficulté à uriner ;
- Des douleurs brûlantes à la miction ;
- Une sensibilité de la région hypogastrique.
Les urines, plus foncées qu'habituellement, ont une forte odeur. Elles peuvent contenir du sang et, à l'examen microscopique, des bactéries.
Dans environ 80% des cas provoqués par des entérobactéries de type Escherichia coli, provenant de l'intestin, qui remontent dans les voies urinaires jusqu'à la vessie, en restant accrochées aux parois de la vessie, les bactéries créaient une infection et une inflammation de la vessie qui se répercute sur les urines. Dans la plupart des cas, un traitement sous antibiotiques sera conseillé par votre médecin et si l'inflammation est importante des anti-inflammatoires seront nécessaires.
Il faut cependant savoir que dans un grand nombre de cas, surtout chez les personnes qui font des cystites chroniques, la recherche de bactéries est négative mais les symptômes sont toutefois présents. Pourquoi ?
Du point de vue de la médecine chinoise, la cystite, dans tous les cas, est dû à une inflammation et à trop de chaleur au niveau de la vessie. Elles peuvent être causées soit par la présence de bactéries soit dû à un apport de nourriture qui va apporter trop de chaleur au niveau de l'organe. Dans toutes les situations, le surplus de chaleur va soit créer les symptômes de la cystite soit favoriser la rétention et le développement des bactéries.
Petite explication
Pour comprendre le mécanisme fondamental à l'origine des cystites, il nous faut remonter bien plus haut dans le corps. Nous verrons par la suite quelques traitements qui peuvent aider en cas de cystite.
Un schéma est proposé en dessous pour mieux interpréter les
liens (schéma simplifié pour les besoins de l'article)
Pour commencer, il faut remonter au niveau de l'estomac. La première partie du travail de digestion se passe au niveau de l'estomac. Il à une température de 38°C et va compacter, cuire et transformer en bouillis l'alimentation que l'on ingère ; les liquides et solides troubles sont transférés via l'estomac à l'intestin grêle pour qu'il réabsorbe le plus possible de fractions pur de l'alimentation (minéraux, vitamines, oligoéléments, enzymes, énergie...).
A ce processus méca-nique de transformation s'ajoute l'intervention des sucs pancréatiques et de la bile, tous deux à une température de 40-41°C. C'est ce moment de la digestion qui prend toute son importance dans le cadre des cystites. En effet, c'est au niveau de l'intestin grêle que les solides impurs et une fraction de liquides seront dirigés vers le gros intestin. Les liquides troubles quant à eux vont être dirigés vers les reins pour être filtrés.
Une fois la première filtration faite, le reste des liquides est envoyé au niveau de la vessie où une deuxième filtration est effectuée. Les liquides dits impures sont ensuite excréter. Il faut néanmoins bien se rappeler que l'urine est composée à 95% d'eau.
Pourquoi le trajet des liquides est-il important ?
Sur le schéma précédant, il a été mis en évidence l'échange de chaleur potentiel lors du transit intestinal par des flèches rouges. En d'autres termes, une infection ou un surplus de chaleur dans les organes précédents la digestion peut très facilement se transmettre via les mécanismes naturels de digestion, jusqu'à l'urine et créer de la chaleur au niveau de la vessie. De plus, un surplus de chaleur au niveau des intestins adjoint à une légère stagnation alimentaire ou à un ralentissement digestif peut facilement créer des inflammations.
N'avez-vous jamais ressenti une légère brûlure ou des diarrhées assez odorantes après avoir mangé un plat très épicé ? Pourquoi ? Tout simplement parce que les mécanismes qui transmettent cette chaleur du bol digestif aux selles peut parfaitement se transposer au niveau des urines.
Prenons un exemple plus parlant. La viande de veau ou de mouton sont des viandes plutôt chaudes et échauffantes, qui ont une grande capacité de tonification. Mais cette chaleur se traduit souvent rapidement au niveau du système digestif par des urines plus odorantes et plus jaune.
L'émotionnel rentre-t-il dans le cadre ?
Bien évidemment, l'émotionnel à un rôle important dans ce processus ? Un surplus d'angoisse, de stresse, de peur... aura tendance à augmenter l'activité fonctionnelle du cœur dans un premier temps, mais également des organes les plus touchés par l'émotion. Par exemple, le ressassement ou l'excès de réflexion sera centré sur le système digestif.
Les stagnations créées par « la boule au ventre » émotionnelle peuvent faire stagner l'alimentation. Il ne faut pas oublier que la digestion s'effectue à 38°C au niveau de l'estomac et à 40-41°C au niveau de l'intestin grêle. Une stagnation dans un endroit aussi chaud va forcément finir par se transformer en liquides et solides chauds voire créer des inflammations si la stagnation est trop importante.
La fatigue joue-t-elle un rôle ?
La fatigue, en diminuant l'activité fonctionnelle des organes, joue également un rôle important dans le cadre des cystites. Chaque personne est unique et les déséquilibres peuvent se créer et se maintenir de manière différente chez chaque personne.
Une personne affaiblie peut rapidement créer une diminution de l'activité fonctionnelle du rein et de la vessie, favorisant ainsi la rétention d'urine ou du moins sa concentration. Si des toxines, bactéries... sont présentes, cela facilite ainsi les risques de cystite.
La fatigue peut tout aussi bien ralentir la digestion, créer des stagnations qui vont finir par chauffer et créer des liquides chauds en sortie de transit.
Quelles sont donc les causes de cystite ?
Les causes de cystite, et surtout en cas de chronicité, seront donc des causes classiques :
- Bactéries ;
- Mauvaise hygiène des régions intimes ;
- Malformation de l'appareil urinaire ;
- Calculs ;
- Diabète ;
- Une grossesse (suite à une compression du fœtus sur la vessie empêchant une vidange complète) ;
- La ménopause : la chute des hormones à cette période diminue la protection au niveau de la vessie. De plus on observe à la ménopause un changement du pH vaginal, qui favorise l'entrée d'Escherichia coli. Un pH bas (acide) empêche l'entrée de bactéries non désirées dans le vagin.
On pourra y ajouter les causes suivantes, basées sur l'étude du système digestif selon la Médecine chinoise :
- Alimentation trop chaude, épicées ;
- Alimentation trop froide (qui créer des stagnations qui vont chauffer et donc créer de la chaleur en bas. Il ne faut pas toujours penser de manière unilatérale mais penser au différent schéma que peut créer le corps selon les situations) ;
- Émotionnel important ;
- Fatigue qui créer une dysfonction organique ;
- Dysfonction organique sans forcément avoir de fatigue causée par un tableau pathologique sous-jacent.
Comment lutter contre les cystites ?
La première chose à faire, dès les premiers symptômes de la cystite, est de boire beaucoup. Buvez directement et rapidement 1 litre d'eau ou des tisanes à base de plantes (voir ci-dessous) en 1 heure environ. L'objectif est de diluer les bactéries, notamment au niveau de la vessie, et de faciliter leur évacuation du tractus urinaire. Bien évidemment, s'il n'y a pas de bactéries, il est important de boire quand même car en diluant au maximum l'urine, la chaleur éconduite est elle aussi diminuée.
Les plantes et aliments efficaces dans le traitement des cystites
Tisane de thym, menthe, bruyère, origan
Ces quatre plantes sont de nature froide et tendent à rafraîchir le système digestif. En rafraîchissant les liquides à la source, on favorise la diminution de chaleur éconduite et les inflammations. De plus, ce sont surtout des plantes anti-infectieuses.
L'origan et la menthe ont des capacités carminative et digestive. En d'autres termes, elles régularisent la circulation du système digestif et harmonisent l'estomac en accélérant la digestion. Ainsi, elles diminuent le risque d'échauffement et d'inflammation.
En infusion, le thym est un puissant antiseptique contre la grippe, sinusite, toux et rhume. Il prévient les fermentations intestinales. Comme il est aussi antispasmodique, il atténue les douleurs stomacales et diminue les sensations nauséeuses. Sa nature rafraîchissante élimine rapidement la chaleur au niveau des voies urinaires et pulmonaires.
Il est rare qu'une cystite résiste plus de 48 heures à la tisane de bruyère et de thym, particulièrement fraîche et diurétique avec des propriétés antiseptiques sur les voies urinaires. Elles vont donc purger de manière efficace toutes rétention de bactéries ou de chaleur au niveau de la vessie.
De manière générale, elles sont conseillées pour la goutte, les rhumatismes et toutes les maladies liées à l'excès d'urée et d'acide urique.
Cranberry / airelle / canneberge
La cranberry est un allié important. Son efficacité est autant préventive que curative mais attention, il faut néanmoins rappeler comme toujours, que tout abus devient négatif à long terme.
Elle est très riche en antioxydants et particulièrement en pro anthocyanidines. C'est cette particularité et son aspect légèrement gras qui lui permettent de tapisser de manière assez marquée les muqueuses. Le dépôt se comporte alors comme un adhésif et empêche au maximum les bactéries de s'y fixer. Elle tapisse donc autant le tractus intestinal pour limiter l'évolution des bactéries par stagnation que les voies urinaires et la vessie pour éviter l'accroche des bactéries.
De plus, son effet est amplifié par le rôle non négligeable de l'airelle qui évacue la chaleur et l'humidité du réchauffeur inférieur. Ainsi, en même temps qu'elle protège, elle va nettoyer le système urinaire. Il faut cependant faire attention, car c'est justement cette capacité qui rend son utilisation abusive dangereuse. En effet, elle peut, à long terme, fatiguer le système urinaire en le forçant trop et entraîner une déficience de celui-ci. L'équilibre est dans la modération.
L'utilisation des airelles pour lutter contre les cystites est plus probante en cas de présence de bactéries. Le fait de prendre des jus d'airelle pour lutter contre les cystites permet d'éviter de prendre trop d'antibiotiques qui, à la longue, fatiguent le système digestif mais surtout augmentent de manière non négligeable la résistance des germes jusqu'à 90%.
Le radis
Piquant, doux et frais quand il est cru, doux et neutre quand il est cuit, le radis à un tropisme particulier pour la rate, le poumon, la vessie et l'estomac. Sans rentrer dans les détails de son intérêt nutritionnel, le radis est très riche en potassium et pauvre en sodium, ce qui explique en partie son action diurétique marquée.
Il est remarquable sur le poumon, mais c'est essentiellement grâce à son pouvoir expectorant, drainant et dispersant. Sur le plan médicinal, c'est un aliment pour drainer, évacuer et non pas pour tonifier ou fortifier
Dans le cadre des cystites, il est très intéressant car sa capacité drainante et diurétique, couplées à sa nature plutôt fraîche, permettent de favoriser la diurèse, de dégager les stranguries et en même temps de refroidir les voies urinaires.
Quand il est cuit, et seulement quand il est cuit, le radis devient un important aliment pour lutter contre les stagnations intestinales en mobilisant le système digestif et en dissolvant les stagnations alimentaires. Cela permet d'éviter la prolifération des bactéries, mais également d'éviter la stagnation. En limitant l'augmentation de la température, les liquides ont moins de risque de chauffer.
Il faut cependant faire attention. A cause de sa nature fraîche et humidifiant, le radis ne doit pas être consommé cru en cas de déficience digestive.
Le céleri
De nature fraîche voire froide et de saveur douce, légèrement piquante et légèrement amère, le céleri à un tropisme particulier vers le foie, l'estomac, le poumon, et la vessie.
En cas d'infection urinaire, on peut soutenir un traitement conventionnel en buvant le jus de 100g de céleri branche additionné d'un peu de sucre, 2 à 3 fois par jours.
En effet, le céleri à une forte capacité pour
atténuer l'hyperactivité fonctionnelle du foie et de l'estomac, ce qui permet
de clarifier la chaleur de ces deux organes et d'harmoniser le foie. De plus,
il va également clarifier la chaleur au niveau de la vessie et son action
légèrement diurétique va favoriser la diurèse. Pour finir, le céleri à une
bonne action antiseptique des voies urinaires, tout ce qui faut pour faire de
lui un des principaux aliments à utiliser en cas de cystite.
En clarifiant la chaleur aux trois niveaux (estomac, foie et vessie) en même temps et en évacuant rapidement, le céleri va permettre en temps de crise de lutter à la fois sur la source du problème, mais également de limiter sa réapparition en évacuant la chaleur latente présente plus haut dans le système digestif, comme vu précédemment avec le schéma.
Il débarrasse les reins et le foie de leurs déchets et réduit l'acidité de l'organisme. Les graines sont antiseptiques et efficaces contre la cystite en désinfectant les canaux urinaires.
Précautions
Le céleri doit être consommé modérément en cas de déficience du système digestif, surtout en présence de selles molles ou de diarrhées, car sa capacité à évacuer la chaleur va encore plus le fatiguer. De même il ne doit pas être utilisé en excès car il risque à outrance de blesser le foie et l'estomac à force de les purger.
L'orge
De saveur douce et de nature fraîche, l'orge va particulièrement agir sur la rate, l'estomac et la vessie. Malgré sa nature fraîche, l'orge est une céréale fortifiante, particulièrement adaptée lorsque l'on veut tonifier l'énergie et relancer de meilleurs processus digestifs pour produire davantage de force. Il est parfait en cas de digestions lourdes et longues. Sa nature fraîche évite un échauffement dans le tube digestif et donc la conduction de chaleur. Son action tonifiante et sa capacité digestive vont augmenter la flore intestinale et diminuer le temps de digestion afin de limiter les stagnations et les échauffements.
La nature fraîche de l'orge lui confère la capacité de clarifier la chaleur. De plus, il à une légère action diurétique et antiseptique au niveau des voies urinaires. Favoriser la diurèse va donc permettre d'évacuer plus de bactéries ou plus de chaleur présente au niveau de la vessie, voire les deux.
Précautions
Les femmes enceintes ne doivent pas utiliser l'orge quand elles allaitent car cette céréale tend à stopper la lactation. Le malt d'orge quant à lui est complètement proscris en cas de grossesse.
Larme-de-Job
De saveur douce et insipide et de nature fraîche, ses actions particulières se dirigent vers la rate, l'estomac, le poumon et la vessie. Pour avoir une action thérapeutique nette, il faut consommer entre 50 et 120 grammes par jours.
Les actions thérapeutiques de la larme-de-Job sont très intéressantes. Dans un premier temps, son action diurétique marquée favorise la diurèse. Adjoint à sa nature fraîche et son cation antiseptique, elle aura une puissance toute particulière pour clarifier la chaleur au niveau de la vessie et nettoyer celle-ci des différents germes présents.
Elle a également une action anti-inflammatoire et permet d'évacuer le pus. Les abcès avec production de pus induisent la création de bactéries qui peuvent ensuite remonter à la vessie, soit par les voies urinaires, soit par les voies fécales, et créer une infection urinaire. En traitant à la source le problème, la situation se règle en amont et avant qu'elle ne se créait.
Ce qui est très intéressant avec cet aliment, c'est que tout en étant un diurétique, il est également un bon tonifiant de la rate qui dirige fonctionnellement le système digestif. Elle a notamment la fonction de recevoir et assimiler les liquides. Si la rate est déficiente, les liquides sont moins bien transformés et assimilés et ils s'accumulent dans le corps au lieu d'humidifier l'organisme ou d'être évacués naturellement par les voies urinaire ou fécale. En résulte des œdèmes, des selles liquides, mais également des gonflements, des rétentions d'eau... Tous ces liquides bloqués au niveau du corps vont irrémédiablement chauffer et ensuite se déverser au niveau de la vessie et donc faciliter son échauffement.
Les aliments déconseillés en
cas de cystite
L'épinard est déconseillé en cas de néphrite, de cystite, de goutte ou de lithiase rénal, à cause de sa haute teneur en acide oxalique (300 à 600mg pour 100g) et en acide urique (70mg pour 100g). Il aura tendance à favoriser les inflammations et l'apparition de caillots.
Le riz glutineux (collant) est déconseillé réchauffe et tonifie le système digestif. Par la même occasion, il va augmenter la température au niveau de la vessie.
La grenade fixe les intestins et est astringente. Elle peut donc amplifier le phénomène de rétention de la chaleur, des germes et des bactéries. Dans tous les cas, une consommation excessive de grenade peut produire des mucosités en mêlant sa capacité à crée des liquides avec sa capacité à retenir et astreindre les intestins.
Le longane est contre indiqué en cas de cystite à cause de sa nature trop humidifiant. Elle favorise la rétention et le développement de germes et de chaleur se mêlant à l'humidité produite et venant par la suite se stocker au niveau de la vessie.
En conclusion
Les cystites, mais surtout les cystites chroniques, peuvent avoir des causes multiples. Les quelques plantes et aliments que nous avons vus dans cet article permettent de mettre en place une prévention ciblée et d'aider au maximum la guérison. Il faut cependant rechercher la cause du problème afin de l'éradiquer sur le long terme. Traiter les seuls symptômes à chaque fois qu'ils réapparaissent ne permet pas de supprimer le tableau sous-jacent. Il faut alors analyser de plus près votre alimentation, vos habitudes et, si nécessaire, faire un bilan plus approfondit avec un médecin ou un praticien en médecine traditionnel chinoise. Il faut avant tout identifier la cause et si possible la traiter.
Il faut absolument consulter un médecin lorsque du sang est présent dans les urines, lorsque de fortes douleurs ou des fièvres élevées apparaissent. Si la cystite reste douloureuse ou associée avec de la fièvre pendant trois jours, les risques de dériver vers une situation plus délicate sont alors accrus.